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Le titre « Je t'embrasse. »

Issu d’une expression récurrente utilisée à la fin des lettres du recueil. Ce titre, représente bien la futile nécessité de rajouter un signe emprunt de bien d'autres sentiments que son sens premier. Il est l'arbre qui cache la forêt des émotions. Il est à d'autres moments bien plus qu'un signe convenu, il reprend parfois sa place de message d'amour profond, une espèce de retrouvailles avec la chaleur et la peur de perdre ses proches.


Situation

Pendant l'arrivée du public dans la salle, on entend en OFF des lettres chaque fois annoncée par des dates et des lieux. Parallèlement on entend des musiques ou chansons liées à l'année de la rédaction. À la fin d'une des lettres, on pourra entendre la voix de l'homme qui a recueilli les témoignages des médecins expatriés. Durant ce commentaire apparaît une ombre allumant le globe lumineux disposé dans le décor. Cette ombre va ranimé un corps de médecin humanitaire. Ainsi, il va se lancer dans le récit commençant en 1982 et terminant en 1994. Il relatera année par année le vécu d'un médecin, « Serge » qui passera par différents états psychologiques.Il va revivre ses « aventures », jusqu'à une fin ressemblant plus à une disparition, un oubli de l'Histoire. L'ombre l'accompagnera tout au long de ses histoires. C'est elle aussi qui décidera d'y mettre fin.

 

Le médecin « Serge », raconte en revivant des parts de ses instant qu'il appelle lui-même des « aventures ». Croyant sauver le monde, il a du mal à intégrer véritablement la responsabilité de sa tâche. Son serment l'aide à suivre un chemin qui peut l'amener à une mort incertaine. Grâce à ces lettres il va évacuer tous les doutes, craintes, toutes les rages et désillusions que son parcours lui réserve. Comme il n'y a rien à rajouter pour comprendre le parcours des envoyés humanitaires, nous avons juste défini l'essentiel du réalisme. Mais ce réalisme est poussé grâce à des traits en apparence d'épure, mais bien plus complexe et dans le soucis du détail. Durant cette dite narration, il se laisse emporter. Une danseuse interprétera une « ombre » et aura pour tâche de représenter la masse de gens à soigner. Elle mimera dès le début du spectacle, la lecture de la première lettre finie, l’immense tâche sanitaire à accomplir. C’est l'ombre qui débutera le spectacle, et c’est elle aussi qui terminera. La danseuse contemporaine représentera en même temps la conscience des patients et le serment des médecins. Elle sera le lien onirique entre le « Serge » et ses aventures.

Où commence la fiction

Tous comme « Serge », nous faisons partie de « Médecine Humanitaire » soit une ONGF, ou Organisation Non Gouvernementale Fictive. C'est à dire qu'elle sort d'une fiction. Loin de simplement paraphraser, on peut vraiment se demander à quel moment la vérité rejoint la fiction. Nous avons découvert que cette appellation ne comportait pas de droit. Afin de pousser la fiction la plus loin possible et de pratiquer un humour cynique et salvateur vu le contexte thématique, nous n'avons pas beaucoup hésité à commencer une exploration du « concept » très vendeur de cette ONGF.

Pensée... « Réveiller l’engagement »

Il s’agit bien ici d’une critique du Système. Du « Système » dans son entièreté, or le but est avant tout de ranimer la flamme d’une nouvelle génération d’ « engagés ». Il nous reste encore cette volonté de sauver le monde. De démystifications médiatiques en scandales, qui a encore envie de faire de l’humanitaire de façon spontanée ? Des jeunes aventuriers sortis des écoles de médecines, croient en la nécessité de leur potentielle action dans l’ « ailleurs » médiatiquement inéluctable. Contrée de guerres, de maladies, de massacres, de scandales financiers, de pouvoirs sanguinaires, d’intégrisme religieux, catastrophes naturelles, des enfants armés ou au travail, la famine... Aborder la souffrance par un autre biais que le petit écran. Le fait d’aller aider des gens qui n’ont d’autre souci que leur survie nous rappelle que nous aussi que nous aussi sommes en état de survie. L’occidental qui n’a pas connu de guerre depuis au moins deux générations et palpe à peine son humanité. Ma grand-mère a vécu à une époque où on connaissait le sens des mots « épidémies », « bombardements », « couvre-feus », « exodes ». Ma grand-tante a soigné des rescapés de camps de concentration. Plus que de ne pas suivre l’accélération de la technologie, ils ont du mal à comprendre, la nécessité de la technologie face à des situations concrètes de désarroi humain. Aujourd’hui, on crée des cellules de réflexion pour tout. On crée même des cellules pour former ces cellules de réflexions. Pourquoi, les personnes de ces générations, préfèrent aller chercher leur course chez les commerçants de quartier. Ce n’est pas la complexité des grandes surfaces qui leur fait peur, c’est surtout, la perte de sens des choses les plus simples. À l’heure actuelle, la technologie n’est plus un outil qui soigne ou blesse, mais une machine qui broie. Et ça, ça fait peur.  Il ne faut pas faire d’amalgame entre un certain tempérament réactionnaire et le refus d’un système qui tourne fou.

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